Dans la plupart des milieux chrétiens, il n’y a tout simplement pas de sexualité pour les célibataires chrétiens. Pourtant, dénier complètement les besoins sexuels des célibataires n’est pas sain du tout, comme nous l’explique une sexologue chrétienne.
Parler de sexualité dans les églises, ce n’est jamais un sujet populaire! “La sexualité est, à mon avis, un sujet tabou partout dans le monde et cela même dans les sociétés occidentales qui prônent l’ouverture et la liberté sexuelle. L’église n’en est pas une exception”, constate Fabienne D’Haïti, sexologue chrétienne. Puisque les relations sexuelles se passent dans le secret d’un couple, ce sujet est peu abordé en public. Nos pasteurs n’hésitent pas à parler des péchés sexuels, mais des besoins… c’est rarissime. “Je crois qu’il y a un besoin flagrant d’éducation à la sexualité soutenue pour être bien éclairés avec une perspective chrétienne. Les chrétiens étant soucieux de faire la volonté de Dieu recherchent, à mon avis, de nouvelles façons pour mieux comprendre ce domaine très complexe. Tout ceci aura pour objectif de faire tomber les stéréotypes, les préjugés afin de favoriser des relations égalitaires et harmonieuses entre hommes et femmes”, poursuit-elle.
Car la sexualité, ce n’est pas seulement ce qui se passe dans un lit! “Ce qu’il faut savoir, c’est distinguer la sexualité et la relation sexuelle. La sexualité est un aspect central de l’être humain. Elle se développe et évolue dès l’enfance jusqu’à la vieillesse. Elle comprend un ensemble d’éléments tels que l’appartenance sexuelle, l’identité et les rôles sexuels, l’érotisme, le plaisir, l’intimité et la reproduction.” La sexualité est une part de notre identité, et bien sûr, elle est aussi importante dans nos échanges avec les autres. Célibataires ou mariés, jeunes ou vieux, nous vivons tous une forme de sexualité. “Elle est vécue et exprimée sous forme de pensées, de désirs, de croyances, d’attitudes, de valeurs, de comportements, de pratiques, de rôles et de relations. Elle est influencée par les dimensions biologique, physiologique, affective, cognitive, socio-culturelle, morale, spirituelle ou religieuse.”
Lorsqu’une femme désire discuter avec un homme, pour avoir son opinion masculine sur un sujet, cela entre dans une forme de sexualité et il n’y a rien de péché dans cela. Il est temps que les frères et soeurs dans une église commencent à se parler sans que tous les autres membres autour d’eux se mettent à planifier leur mariage! Les célibataires ont besoin de parler aux personnes de l’autre sexe, non pas seulement pour se trouver un(e) partenaire, mais tout simplement pour se faire des amis et pour apprendre à connaître comment un homme ou une femme pense, et les sensibilités de chacun. Lorsqu’une femme demande à un homme de l’aider à déménager un meuble lourd, c’est une forme de sexualité, mais qui n’a rien d’érotique! Il n’y a rien de sain à séparer les hommes des femmes dans une église, de peur qu’ils tombent dans le péché! Une telle séparation rend les relations hommes-femmes inconfortables et souvent remplies de préjugés, et cela n’aide en rien les futurs mariages!
Ce que Dieu demande c’est de réserver les relations sexuelles dans un contexte de mariage et pour des raisons bien claires, comme l’explique la sexologue chrétienne. “La relation sexuelle, hors mariage, quant à elle peut créer à long terme de grandes attentes pour ne pas dire des illusions entre deux partenaires. Des liens affectifs, des sentiments et des habitudes peuvent finir par naître entre les partenaires ou du moins d’un des deux individus même si ces liens ne sont pas désirés. Tout ceci est un bel amalgame pour créer des blessures émotionnelles, de la frustration et autres. Il faut aussi prendre en considération le risque d’avoir un enfant ou d’attraper des ITSS. Souvent, on oublie le côté relation de la sexualité. En effet, une relation sexuelle est avant une relation entre deux personnes tant sur le plan de l’âme, émotionnelle et physique.”
Donc, est-ce que les célibataires ont des besoins sexuels? Oui, ils ont besoin de parler aux personnes de l’autre sexe, ils ont besoin d’apprendre à savoir comme l’autre sexe pense ou voit la vie, ils ont besoin d’amis des deux sexes. Est-ce que les célibataires peuvent s’adonner à la sexualité “génitale”? Non, cela est réservé au couple marié, pour les raisons mentionnées plus haut. Il ne faut pas bannir toute forme de sexualité chez les célibataires chrétiens, il faut seulement y mettre une limite divine.
Qu’est-ce qu’un célibataire doit faire, donc, s’il a des pensées qui dépassent le cadre chrétien? La sexologue Fabienne D’Haïti a une excellente réponse. “Pour ma part, je crois que les désirs sexuels sont reliés à des besoins affectifs. Tout comme nos émotions, les désirs sexuels expriment une réalité consciente ou inconsciente. Il est donc important de se questionner quant à leur origine” et quel est vraiment le besoin qui se cache derrière ces pensées. Ce pourrait être “par exemple un besoin de sécurité, besoin d’amour, besoin d’apaisement ou autres. Quand cette démarche est faite, il est possible de prévoir une activité de substitut afin de canaliser son énergie dans une saine activité”, qui répondra au vrai besoin.